Journée technique Végétal local : la marque s’installe dans le paysage avec les plantes sauvages et indigènes

La rencontre du 8 novembre 2022, initiée par Plante & Cité à Angers (49) autour du développement de la marque Végétal local, a accueilli 80 personnes aux métiers très divers. Elle était consacrée aux aires biogéographiques du bassin parisien sud et du Massif armoricain, mais de telles journées techniques devraient été déclinées dans d’autres zones afin de fédérer et promouvoir des réseaux régionaux. Une initiative bienvenue son fonctionnement gagne à être mieux connu.

« La marque Végétal local* est un outil de traçabilité et de conservation du patrimoine génétique. Elle doit répondre aux objectifs croisés d’amélioration du cadre de vie et d’adaptation au changement climatique. Il convient de rendre l’offre plus homogène dans les différentes régions d’origine et, en parallèle, de fournir du volume », résumait Marianne Hédont, de Plante & Cité, coanimatrice de la réunion.

Des souhaits de formation

L’identification de la chaîne de production titulaire de la marque Végétal local demeure encore floue pour les utilisateurs potentiels de ces plantes, d’où l’intérêt de ces nouvelles journées techniques régionales au public diversifié. Les collecteurs (obligation d’un numéro de Siret) vendent à des pépiniéristes-naisseurs. Une nouvelle génération de pépiniéristes a vu le jour où chaque bénéficiaire de la marque travaille une gamme particulière (plants ligneux, mélanges de semences, etc.). En bout de filière, des pépiniéristes-fournisseurs assurent la vente.

En parallèle, l’enjeu de la formation des acteurs est essentiel pour installer une vraie filière. En amont, les initiatives se multiplient dans les lycées agricoles pour intégrer le végétal local dans le dispositif « enseigner à produire autrement ». Des partenariats originaux s’y sont même noués. Ainsi, les deux créateurs de la « pépinière locale et biologique de nouvelle génération » Fraxinus sp., à Bouchemaine (49), ont racheté et déménagé dans un autre site la production labellisée initiée au lycée agricole Angers-Le Fresne, ce dernier souhaitant en effet que la marque prenne son envol. 

Bien sûr, la formation des acteurs est générée en interne par le réseau national de la marque. Le support de référence est le guide technique de l’Afac-Agroforesteries pour la collecte et la mise en culture d’arbustes sauvages et locaux, qui a connu sa deuxième édition en 2021.

Encadrer la collecte

La collecte est une étape cruciale si bien qu'Afac-Agroforesteries a développé en 2022 le logiciel Pépicollecte, conçu pour optimiser le parcours de tous ceux pratiquant la collecte de graines et de fruits d’arbres et arbustes locaux (lire aussi : Pépicollecte, un logiciel pour gérer la collecte de graines d'arbres et d'arbustes).

Durant la journée technique à Angers, plusieurs préconisations ont été évoquées par les participants, par exemple : ne pas récolter des individus sénescents ni malades, tenir compte de la variabilité génétique en fonction des modifications climatiques (le maintien de la rusticité des plantes d’origine locale est essentiel), éviter des groupes de collecte différents au sein d'un même site, rechercher des grandes parcelles monospécifiques pour les plantes herbacées.

Un facteur temps incompressible

La filière herbacée est plus complexe à organiser que celle des ligneux. En 2021, le pôle de compétitivité Végépolys Valley a entamé, pour la région Pays de la Loire, l’étude précompétitive Flor’Agri 2022-2026 pour identifier les freins et les leviers d’action.Vincent Roullois, responsable recherche et développement de Novaflore, à Champigné (49), analysait : « Pour la strate herbacée, une trentaine d’espèces sont à cibler en termes de volume par région. Néanmoins, le parcours de collecte, prémultiplication et multiplication prend environ trois ans. »

Intégrer le végétal local dans un aménagement paysager

La deuxième séquence de la journée interrogeait sur le choix de végétaux d’origine locale dans la conception de projet (place dans une trame verte urbaine), sur la passation des marchés, sur la fourniture (contrats de culture, sourçage...). « Le choix des espèces se fait en fonction des contraintes et enjeux du site, avec l’accompagnement du botaniste du Jardin des Plantes. La disponibilité entre en ligne de compte, il est encore difficile de trouver des arbres de haut jet pour certaines essences », constatait Guillaume Portero, responsable du territoire nord du service des Parcs et jardins de la Ville de Nantes (44).

Le végétal local doit s’accommoder des codes de la gestion différenciée. On assiste toutefois à un glissement des usages en raison d’une naturalité plus prégnante des aménagements paysagers. De son côté, Pierre Héry, responsable du pôle expertise du service Ingénierie de l’espace public de la métropole d’Orléans (45), appréciait que celui-ci renforce la biodiversité dans des espaces labellisés EcoJardin.